Le Radar - Éric Duhaime en visite aux Îles de la Madeleine
L’archipel madelinot a reçu en début de semaine la visite du chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), Éric Duhaime. Celui-ci a profité de son séjour pour rencontrer militants et sympathisants, mais aussi pour faire valoir le point de vue de son parti sur le dossier de la Passe Archipel, entre autres.
Il semble que le débat récent autour de la mesure prise par la Municipalité des Îles ait créé un environnement favorable à la croissance locale de son parti.
M. Duhaime l’admet de lui-même, il était « dû ». Deux ans après sa dernière visite, qui s’était déroulée en contexte pandémique et à la veille d’une élection générale, il était temps pour lui de revenir sur le territoire madelinot. L’effervescence créée autour de la Passe Archipel rendait un nouveau séjour parmi nous incontournable.
« C’est important pour nous de venir en parler avec les gens, car le dossier, même s’il est local à la base, nous a interpellé sur la scène nationale, indique le chef du PCQ. La dernière fois que je suis venu, nous étions dans une course folle à essayer de nous organiser pour l’élection dans les 125 comtés du Québec et nous n’avons pas eu le temps de développer des sujets importants pour nous, particulièrement celui du développement régional et de l’autonomie des régions. Aujourd’hui, c’est un enjeu sur lequel nous voulons nous concentrer et c’est pourquoi je fais une tournée des régions. Nous voulons être à l’écoute des gens pour voir comment on peut décentraliser davantage, rendre les villes et les régions plus autonomes. »
Sans nier le caractère politique de son passage, Eric Duhaime veut se positionner dans une posture d’écoute plutôt que d’affirmation de ses principes. Il reconnaît le besoin pour son parti de peaufiner le discours et la plate forme sur le sujet. C’est pourquoi le bref passage du chef du PCQ aux lles a été ponctué par des rencontres avec des gens d’affaires, des militants mais aussi « des gens impliqués dans toutes sortes de secteurs », selon ses propres termes. M. Duhaime a également été accueilli par le maire de la Municipalité, Antonin Valiquette, et le politicien québécois en a profité pour interroger le maire sur sa vision des rapports municipalités et gouvernements.
Le parti a également organisé des rencontres avec les citoyens, qui ne sont pas selon le chef des rassemblements partisans, mais plutôt des rencontres ouvertes pour stimuler la discussion et les débats. M. Duhaime souligne la difficulté d’être présent chez nous de façon régulière et que, par conséquent, il faut profiter de l’occasion quand elle se présente.
« C’est certain qu’il y a un petit engouement dans le contexte actuel, admet-il. Le fait qu’on soit le seul parti politique qui ait fait une sortie pour défendre la liberté de circulation, ça attire des gens qui n’étaient pas historiquement conservateurs, mais qui sont attirés par notre prise de position. Je suis là pour profiter de ce terreau fertile, c’est certain, mais nous ne voulons pas précipiter les choses. Nous en sommes à faire un travail de terrain, ici comme ailleurs au Québec. »
Cette défense des droits et libertés est au cœur du message que veut porter le PCQ et son chef. Eric Duhaime perçoit justement que c’est ce thème qui permet au parti de rejoindre une frange plus Importante de l’électorat. C’est pourquoi il ne conteste pas spécifiquement le droit de taxation de la Municipalité des lles de la Madeleine, mais plutôt le caractère liberticide de la méthode de perception de la redevance initialement projetée.
« Si c’est vrai que je n’ai pas à m’ingérer dans les affaires municipales, il demeure que nous vivons quand même au Québec et que nous avons la Charte des droits et libertés, résume-t-il. Nous craignons que le règlement, comme il a été proposé, crée un précédent qui vienne entraver la liberté de circulation. Nous voyons déjà qu’il y a d’autres municipalités qui s’intéressent à ce qui se passe ici et nous avons ressenti de la crainte que ça crée un précédent. J’imagine que les tribunaux auront à trancher la question, mais nous sommes estomaqués qu’aucun autre parti n’ait voulu se prononcer. C’était important pour nous de nous positionner avec les Madelinots pour la protection de leurs droits. »
Le chef conservateur salue le mouvement de recul temporaire adopté par la Municipalité des îles, qui a rendu facultatif la perception de la redevance pour cette année (voir Le Radar, 14 au 20 juin 2024, p. 10). Il souligne l’importance pour lui de ne pas agrandir une fracture sociale déjà existante. Pour continuer dans cette direction, il prône la nécessité de s’assurer que le projet bénéficie d’une large acceptabilité sociale, ce qui n’est pas encore le cas, selon sa perception.
« De ce que je comprends, il y a une levée de boucliers de la part de simples citoyens qui n’avait pas été soupçonnée, avance M. Duhaime. Les consultations se font souvent dans un cercle fermé de partenaires, d’organismes subventionnés par les pouvoirs publics. Pour nous, les conservateurs, il faut être aux aguets, car ce genre de situation favorise la restriction des droits des individus au nom de principes collectifs. Ça ne se passe pas juste au Québec, mais partout en Occident. »
Qualifiant les iles de « terre de liberté », Eric Duhalme se dit garant de la spécificité des iles de la Madeleine dans un gouvernement conservateur, malgré ce qu’on pourrait penser de certains commentaires passés sur la « fermeture » des régions du Québec. Il souhaite donc être plus présent sur le territoire pour y faire valoir son point de vue et celui de son parti, tout en espérant que les sympathisants conservateurs de l’archipel se manifestent et s’organisent eux aussi davantage d’ici la prochaine élection générale prévue au Québec en 2026. Raphaël Turbide, 21/06/2024
par , vendredi 21 juin 2024
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